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Roman Norbert et Tonia Page de 31 à 50
Page 31 - La prison, l'asile. Chapitre 2
Ce rêve est souvent venu hanter mes nuits quand j'étais à Paris. François me dit que je devais avoir
un don de voyance. Une semaine après la visite de Tonia, je recevais sa maman. Sa maman
s'appelait Antoinette, elle l'appelait tendrement "maman Toinette". Une belle femme blonde, la
cinquantaine, les yeux bleus, elle entra dans le dortoir, je compris que ce devait être la maman de Tonia.
Elle regarda à droite et à gauche puis elle se dirigea vers moi. Elle me dit "Vous êtes le jeune comte
de Monchavet. Ma fille m'a beaucoup parlé de vous". Elle s'est approchée de moi, elle m'a prit dans
ses bras et embrassé tendrement.
Jamais ma mère ne m'avait prise dans ses bras pour m'embrasser. Cette femme ne me connaissait
pas et elle vint vers moi comme si j'avais été son fils. Cette manifestation d'affection m'a
profondément émue, je me suis mis à pleurer. La maman de Tonia m'a essuyé les yeux avec un beau
mouchoir brodé. J'eus envie de lui dire "maman, je t'aime". C'est cruel de ne pas avoir eu une
maman et un papa pour vous combler d'affection. Dans mon petit village, quand je voyais une
maman embrasser son enfant, il me venait l'envie de hurler pour apaiser ma souffrance qui était si
forte. La maman de Tonia me dit que je devais l'appeler "maman Toinette".
Toinette avait eu un garçon. Il est mort quelques mois après sa naissance. Il était blond, aux yeux
bleus, comme moi. Quand sa fille lui a dit que j'étais moi aussi un blond, aux yeux bleus, elle a
pensé que je devais être son fils qu'elle avait perdu. Toinette avait un beau visage, ses yeux
pétillaient de bonheur et de joie de vivre. Elle me dit que sa fille lui avait raconté l'histoire de ma
vie. Je lui ai demandé si elle n'était pas normande. Elle me dit qu'elle était née à Bolbec en
Normandie. Toinette avait elle aussi connu un peu la misère dans son enfance.
Ses parents la placèrent dès l'âge de quatorze ans chez de riches fermiers, comme petite servante.
Rapidement, elle vit sa situation se transformer, car elle avait un don pour la couture et la broderie.
Dans les environs où elle travaillait, on ne tarda pas à la connaître cette jeune fille douée pour ce
beau métier. Rapidement ses patrons tentèrent d'exploiter cette mignonne petite servante. Mais la
jeune fille qui n'était pas timide, ne se laissa pas faire.
En 1934, elle avait quinze ans, cette année-là, elle mit sa production de broderie et de couture dans
sa valise et prit le chemin de la grande ville. Rouen l'attendait, elle avait lu dans un journal de la
région que l'on recherchait une bonne couturière, sachant broder pour confectionner de beaux
vêtements d'enfants. Dès qu'elle obtint l'autorisation de ses parents, elle se présenta à l'adresse
indiquée. Madame Germaine, qui était une très grande couturière à cette époque-là, la reçut dans sa
boutique et demanda à voir ces quelques modèles qu'elle avait confectionné. Quand elle eut
terminé de les caresser et les admirer, aussitôt son long visage aux traits lourds mais gracieux,
s'illumina de satisfaction, et sa bouche s'ouvrit pour laisser s'échapper un beau compliment.
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-- Mademoiselle, votre ouvrage est excellent, et je ne puis que vous en féliciter. J'ai vraiment
beaucoup de chance de vous rencontrer, lui dit-elle - - . Antoinette fut engagée sur le champ. Ce jour-là,
en entendant cette femme lui dire qu'elle l'engageait immédiatement, elle eut envie de lui sauter au
coup pour l'embrasser, tellement elle était heureuse. Cette brave femme lui trouva une chambre très
coquette et bien meublée dans la ville. Cette patronne fut très généreuse et honnête avec cette
nouvelle jeune couturière qui débordait d'imagination et de talent. Elle lui apprit tout de ce qu'elle
savait afin qu'Antoinette devienne meilleure qu'elle dans ce métier.
A la fin de la guerre, en 1945, Antoinette aidait souvent des gens de la croix rouge, elle accueillait
les prisonniers de guerre qui revenaient de captivité. Très souvent ces gens étaient en très mauvaise
état, physiquement et mentalement. C'est dans un de ces dépôts où échouaient ces pauvres
malheureux qu'elle fit la connaissance de l'homme qui allait devenir
très vite son futur mari. Cet homme qui apparut dans sa vie pour lui offrir ce bonheur si longtemps
attendu, n'était pas un prisonnier ordinaire, c'était un déserteur de l'armée rouge qui avait fui le
régime politique de Staline.
Ce géant au physique d'aventurier, il avait atterri-là dans un endroit réservé à accueillir et aider des
prisonniers de guerre qui avaient perdu leur famille dans des bombardements de villes de
Normandie. Il avait quitté son pays, parce que sa vie y était devenue un véritable enfer et qu'il
risquait chaque jour d'être envoyé dans un camp en Sibérie. Ce grand et beau gaillard qui avait
l'allure d'un général, parlait couramment l'anglais et le français, il n'allait pas tarder à faire chavirer
le coeur de la belle Antoinette, la normande aux yeux bleus.
Alexandre semblait perdu dans cette ville qui était en partie détruite par la guerre, il ne connaissait
personne et n'avait pas l'habitude de mendier pour vivre. Le destin plaça cette belle jeune fille sur sa
route. Antoinette savait que cet homme venu d'un autre monde, il était là pour elle. Il venait la
chercher pour l'emmener et unir sa vie à la sienne. Elle fut la première à engager la conversation. En
1945, elle avait vingt six ans, elle était célibataire et n'avait pas rencontré d'homme qui lui
convienne. Antoinette était difficile et n'aimait que les hommes mystérieux.
Son futur mari était là, dans ce dépôt de prisonniers, où il semblait attendre un signe qui devait lui
venir du ciel. Cet homme qui avait connu de longues périodes de détresse dans son pays, il pensait
que la Normandie devait être un lieu magique et le point de départ d'une nouvelle vie. Antoinette lui
dit d'une voix douce et chaleureuse : "Monsieur l'officier Russe, le
gouvernement français m'a chargé de vous servir de guide dans cette ville. Je suis à votre
entière disposition pour vous aider à retrouver des membres de votre famille".
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Antoinette savait d'où venait cet homme, parce que, chaque prisonnier devait remplir une fiche de
renseignements afin que l'on puisse les aider le mieux possible dans leur recherche. Elle invita cet
homme à déjeuner dans un restaurant de la ville, dans un quartier qui n'avait pas subi la guerre. Ils
passèrent l'après-midi ensemble, à se promener et à faire connaissance. Cette belle femme lui
raconta ses plus beaux souvenirs et l'histoire de sa vie.
Alexandre était le deuxième homme de sa vie, elle n'attendit pas qu'il lui fasse la cour. Après le
repas, elle glissa sa main dans la sienne, la serra très fort pour qu'il comprenne qu'elle en était déjà
follement amoureuse. Antoinette n'avait pas de temps à perdre, à la fin de la journée elle l'emmena à
l'hôtel, où ils y passèrent la nuit ensemble. Elle me dit
que dans cette grande nuit d'amour, ils conçurent leur fille Tonia. Comme elle racontait bien son
passé, et ses yeux pétillaient de bonheur. Elle revivait ces grands instants qu'elle avait vécu avec
cet homme hors du commun.
Je pensais que cette femme exceptionnelle avait dû être très heureuse lors de cette rencontre. Elle
l'était encore quand je l'ai rencontré dans cet hôpital. Elle me donna l'impression d'être une éternelle
jeune fille. Ce fut pour moi une nouvelle visite, pleine d'affection et de tendresse. J'aurais aimer
pouvoir lui parler durant des heures, jamais je ne se serais lassé
de l'écouter. Cette femme au tempérament si délicat, emplissait mon pauvre corps de bonheur. Dans
cet hôpital, je fis la connaissance de tous les membres de cette famille, ils allaient bientôt m'
accueillir pour me plonger dans un grandiose et merveilleux paradis.
Ce jour-là, Antoinette m' apporta des friandises et des fruits, je les ai partagé avec ses amis,
François, et Julo, le berger Corse. Une infirmière vint nous dire que la visite était terminée. A cet
instant j'aurais tellement aimer partir avec cette femme merveilleuse. Avant de la quitter, j'eus envie
de lui crier : "Maman Toinette, emmène-moi avec toi. Je t'en supplie, ne me laisse pas seul dans
cette prison où l'on ne me veut que du mal".
Je venais de rencontrer une vraie maman, elle partait, elle m'abandonnait. Cette séparation me brisa
le coeur, car dans cet instant je n'avais que huit ans dans ma tête. Ma nouvelle maman s'en alla,
m'abandonna dans ce dortoir lugubre. Heureusement pour moi que mes amis étaient à mes côtés
pour me consoler, parce que mon corps aurait de nouveau explosé et fait hurler de douleur tellement
j'ai souffert de cette séparation.
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J'ai retrouvé mes deux amis qui s'étaient installés sur mon lit. Ils mangeaient les friandises que ma
nouvelle maman m' avait apporté. Julo, mon autre ami et voisin de lit, était un Corse de Propriano,
il gardait des montons et des chèvres dans les montagnes au sud de la Corse. En 1964, pendant les
vacances, il fit la connaissance d'une Niçoise. Mais pour cette jeune fille, ce n'était qu'une simple
amourette de l'été.
Mon ami Julo en tomba follement amoureux. Après les vacances il alla chez elle pour lui annoncer
son intention de l'emmener avec lui, car il désirait l'épouser. Mais entre temps, elle rencontra un
autre jeune homme, elle ne voulut pas suivre ce berger, sans le sous, pour partager sa vie. Après
cette triste affaire, le pauvre Julo tenta de mettre fin à ses jours. Il échoua dans cet asile. Durant les
semaines qui me restèrent à vivre dans cet endroit, je me suis employé à lui trouver une autre petite
amie, qui pourrait l'aimer et partager sa vie de berger avec lui. Avec l'aide de mon amie Jill, je lui fis
connaître une gentille italienne, qui avait été mariée avec un lâche de français qui la battait presque
tous les jours.
Ce monstre l'obligeait à boire de l'alcool jusqu'à ce qu'elle s'effondre ivre morte, ensuite il la
frappait à coups de ceinturon. Je pus réunir ces deux êtres, en espérant qu'ils formeraient un beau
couple. Julo et Clara se marièrent en 1966. Tonia et moi, nous fûmes invités à leur beau mariage.
Mes deux amis m'aidèrent merveilleusement bien à vivre les jours qui me séparaient de la sortie. Ils
m'aidèrent aussi à me préparer physiquement et mentalement. Alexandre voulait bien me recevoir
chez lui, mais pour cela je devais être présentable et ne pas avoir l'air d'un demeuré mental.
Très vite, j'ai trouvé la volonté de me battre pour devenir un jeune homme présentable et digne
d'aller vivre dans ma nouvelle famille où l'on avait envie de m'adopter un jour.
Au milieu du
printemps de l'année de 1965, enfin, l'hôpital décida de me rendre ma liberté, parce qu'une famille
désirait m'accueillir pour m'aider à repartir d'un bon pied dans la vie. Le grand jour de ma libération
arriva, et ce fut pour moi un magnifique et merveilleux moment.
Je pus sortir de cet endroit sordide
en plein coeur du printemps. La nature avait sorti toutes ses plus belles décorations pour le jour de
ma libération. Le soleil fut lui aussi de la fête, car il rayonna dans un ciel limpide et sans nuages,
tout comme au premier jour quand je suis arrivé à Menton, dans cette ville magique.
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On m'avait préparé une entrée triomphale dans ma nouvelle famille, c'était aussi mon entrée au
paradis. Cet univers doré m'ouvrait ses portes, elles étaient restées désespérément closes durant les
dix neuf premières années de sa vie. J'avais connu un peu le petit bonheur, j'allais enfin pouvoir
connaître le grand bonheur qui m'avait fui et qui semblait ne jamais vouloir entrer un jour dans ma
vie. Les membres de ma nouvelle famille étaient tous là, venus pour m'accueillir et m'arracher à
cette pénible vie qui n'en finissait pas de m'accabler de tristesse.
Tonia et sa maman étaient ravissantes, souriantes et rayonnantes de bonheur. Le prince Alexandre,
était souriant. Son être dégageait une santé resplendissante et une immense joie de vivre. Tonia
entra la première dans ce dortoir, elle tenait dans sa main droite une feuille de papier : c'était mon
bon de sortie que mon nouveau père avait eu beaucoup de mal à arracher à ce maudit chef
psychiatre, celui qui m' avait tant humilié lors de l'examen qu'il me fit subir à mon entrée.
Cet homme ignoble, ce médecin policier devait se sentir utile à la société. Il brisait les jeunes
drogués et les alcooliques vulnérables ; ceux qui avaient le malheur de venir vers lui en espérant
qu'on les guérirait. Vraiment, je ne pouvais que haïr profondément cet homme.
J'allais sortir de cet hôpital pour m'engager dans une autre vie. En entrant dans le dortoir, Tonia se
jeta sur moi, elle m' entoura le corps avec ses deux longs bras, me serra si fort qu'elle faillit
m'étouffer. Mes nouveaux parents m'embrassèrent et me serrèrent eux aussi dans leurs bras. Avant
de partir, j'ai embrassé François, mon bon et merveilleux compagnon de captivité, qui me protégea
dès mon arrivée. Il m'offrit un peu de réconfort durant ces deux longs et interminables mois.
Mon ami devait sortir quelques jours après moi et me rejoindre à la villa de ma nouvelle famille
pour y passer quelques jours avant de retrouver ses parents à Gap, où ils habitaient et y vivaient
dans une magnifique propriété. Après avoir dit au revoir à tous mes amis, je me suis empressé de
franchir la porte du bloc où j'avais passé beaucoup trop de temps. J'ai pris la main de Tonia et l'ai
entraîné dans une course folle à travers les allées du parc qui entouraient ces maudits bâtiments où
l'on y torturait de pauvres êtres humains. Tonia était plus qu'une soeur pour moi quand je sortis de
cet hôpital.
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Après avoir atteint la grille de la sortie, Tonia et moi nous sommes arrêtés pour souffler un peu et
pour attendre nos parents, qui marchaient sans se presser. Tonia cria dans leur direction : "Allez!
Allez, les vieillards! on ne va pas passer la journée dans ce lieu lugubre. Pressons, un peu de nerf!" .
Pour nous faire plaisir, ils se mirent à courir afin de nous rejoindre plus vite. Dès que l'entrée
principale fut franchie, ils étaient essoufflés et fous de bonheur.
-- Mes enfants, quel est le programme pour la journée? demanda maman Toinette". Ce jour là, il
devait être dix heures du matin et le temps était superbe.
-- Allons d'abord visiter les magasins d'habits et de chaussures pour donner une apparence de jeune
Comte à notre petit Norbert de Monchavet, nous dit d'une voix chantante, le prince Alexandre.
C'était vrai, je n'avais vraiment plus rien de convenable à me mettre. J'étais si mal habillé que mon
visage en était rouge de honte.
Je n'allais pas vivre chez des clochards, mais chez des gens qui ne
manquaient de rien. Tonia appela un taxi, et nous partîmes via le centre ville et les grands magasins.
Rapidement, je me suis retrouvé habillé comme un petit prince. Mes nouveaux parents m'
achetèrent un beau pantalon à la mode de l'époque et une belle chemise bleue, puis une paire de
chaussures noires. Quand je fus vêtu de neuf, Tonia me regarda avec admiration, et ses grands yeux
noirs en brillèrent de satisfaction.
-- Comme tu es beau ainsi vêtu, petit comte de Monchavet, me dit-elle, d'une voix douce de jeune
fille amoureuse. En me regardant dans une glace, je découvris une autre personne, un jeune homme
élégant et digne de cette princesse qui m'accueillait dans sa famille et dans sa vie.
Le tour des magasins étant terminés, il nous restait une bonne heure avant de passer à table pour
fêter cet heureux événement. La promenade des Anglais fut l'endroit idéal pour se dégourdir les
jambes et mettre en appétit toute cette petite famille. Quel magnifique endroit c'était, en plein coeur
du printemps.
Nous nous engageâmes dans cette longue allée bordée de palmiers, nous marchâmes très lentement
tous les quatre, main dans la main. J'étais le petit dernier fraîchement arrivé dans cette merveilleuse
famille.
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En marchant main dans la main avec ma maman Toinette et mon papa Alexandre, je sentis que mon
corps avait quitté la planète terre, je planais et sautillais de bonheur. Ma belle et douce Tonia
fredonnait en russe, une mélodie apprise par son père. Sa maman Toinette chantait une berceuse en
normand cauchois. On chantait autour de moi pour annoncer la naissance du petit comte de
Monchavet, né du grand amour du maître du château des Trois fontaines et de sa petite femme de
chambre, Ferdinande, Charlotte, Baronne de Tilly.
Je m'imaginais que cette allée était magique, elle me rappelais l'allée aux mille parfums, en face du
casino de Menton, où j' avais rêvé à une vie meilleure. Après avoir parcouru toute la promenade des
Anglais à pied, Alexandre interpella un taxi et donna l'ordre au chauffeur de nous conduire sur la
route de Menton. Il connaissait un ami qui possédait un restaurant panoramique. Nous restâmes
deux heures dans cet établissement touristique de luxe.
J'ai apprécié la vue magnifique qu'offrait cet endroit. L'océan, la mer méditerranée semblait
s'étendre à l'infini. A la fin du repas, j'eus l'impression de voler sur cette mer, je volais au dessus de
tous ces beaux bateaux de milliardaires qui glissaient sur ce magnifique tapis bleu. Comme j'avais
un peu trop bu pour arroser ma sortie de l'hôpital, je me pris pour un oiseau des mers. J' étais le plus
bel oiseau des océans, et Tonia volait à mes côtés. Nous déployons nos grandes ailes et nous
pénétrions ensemble dans les courants bénéfiques afin de nous hisser au plus haut des cieux. Je
regardais derrière nous et je voyais mon papa Alexandre et ma maman Toinette.
Maman Toinette, nous surveillait d'un oeil attentif. Tonia me sortit brusquement de mon rêve, elle
m'invita à sortir sur la terrasse où soufflait un petit vent frais et agréable. Nous quittâmes cet endroit
merveilleux pour reprendre la route afin de rentrer à la villa où habitait ma nouvelle famille.
Quand nous arrivâmes à Menton, j'ai demandé au chauffeur du taxi d' arrêter un instant devant le
casino. En descendant du taxi, je pris la main de Tonia. Nous sommes allés marcher dans l'allée en
face le casino. Quand je suis arrivé à Menton, je me suis assis dans cette allée, je me suis endormi
sur un banc, j'ai rêvé et vu ma princesse qui ressemblait à Tonia. Un vent souffla de la mer, j'ai
pensé qu'il était magique, il m'engageait à pénétrer dans l'arrière pays où habitait ma nouvelle
famille.
Nous remontâmes dans le taxi pour nous rendre à la villa où une nouvelle vie m'attendait. Cette
demeure paradisiaque était proche du bord de mer. Après avoir parcouru plusieurs kilomètres sur la
route sinueuse qui menait à Sospel, le taxi
tourna à droite, il s'enfonça dans un long et étroit chemin bordé d'arbres et de plantes grasses de la
région.
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Une grande maison originale m'apparut à la sortie d'un long virage. Vue du ciel, on distinguait une
grande croix rose étendue sur le sol. Cette maison était couverte de longues tuiles roses ondulées
qui dégageait un étrange parfum ; elle semblait chargée d'un lourd passé et d'un étrange mystère. Ce
que je vis, ce n'était pas la demeure de monsieur tout le monde, c'était simplement le paradis d'un
homme hors du commun. Cette construction originale ressemblait à un monastère transformé et
rénové. Les murs y avaient été blanchis comme les villas italiennes. Autour de cette maison, il y
avait des parterres de fleurs multicolores et une multitude de terrasses, de surfaces différentes.
Nous étions enfin arrivés. -- Quelle journée! mes amis, s'exclama Tonia". Dès que le taxi eut
franchit l'entrée de la villa, un comité d'accueil vint à notre rencontre. Un chien aboya à l'intérieur
de la maison, brusquement une porte s'ouvrit sur l'aile gauche. Un monstre couvert de poils en sortit
comme une flèche. Le monstre était un gros berger allemand, il se
précipita sur Tonia qui semblait être sa maîtresse préférée, il lui lécha tendrement le visage.
L'animal n'ayant pas vue sa maîtresse depuis la veille, il crut qu'on l'avait abandonné.
Quand il fut repu d'affection et de caresses, Tonia me présenta le monstre apprivoisé. Le chien se
jeta aussitôt sur moi pour me faire la fête.
-- Regarde bien, mon gros chien, lui dit Tonia. Tu as devant toi mon frère et mon futur fiancé. Il
vivra ici, avec nous. Je veux que tu lui obéisses et le protèges. Comme tu le fais pour moi - - . Le
chien écouta attentivement l'ordre que venait de lui donner sa maîtresse, il aboya pour lui exprimer
sa soumission et son approbation. Il s'appelait Fripon. Il était très content de faire ma connaissance.
Sans réfléchir, je lui dis : "Bonjour, Friponnais". Brusquement, il recula et me montra ses énormes
crocs pour me faire comprendre que ce n'était pas son nom. Je dus m'excuser et lui répéter trois fois,
Fripon, pour que le chien en colère redevienne mon ami. Je ne devais pas changer son nom, car je
risquais de me faire mordre.
Ce chien était très
susceptible. Le gardien à quatre pattes venait de m'accepter sur son territoire. Les présentations des
membres du personnel pouvaient commencer. Je vis sortir de la maison un homme qui tenait dans
sa main droite une petite croix de bois.
L'homme remuait les lèvres et semblait prier. Cette prière était adressée au nouveau membre qui
entrait dans la famille Anatolièvna. L'homme était grand et impressionnant à regarder. Il s'appelait,
Otto Muster : c'était un ancien prêtre ouvrier.
Alexandre l'avait engagé pour diriger en Italie une association d'aide aux enfants abandonnés. Otto
avait été avant et pendant la guerre, un prêtre ouvrier, en Allemagne, on l'avait enfermé dans un
camp, car il critiquait ouvertement le régime politique d'Hitler.
Il s'approcha de moi et s'arrêta de prier. -- Sois le bienvenu dans cette demeure, ce petit paradis, cet
havre
de paix et de réconfort, me dit-il. J'ai pensé qu'avec cet homme spécial, on devenir les meilleurs
amis du monde.
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Après le prêtre, on me présenta à une charmante femme. C'était une Sicilienne, elle s'appelait
Rosetta. Cette femme connaissait très bien son métier. Tonia l'appréciait et aimait sa bonne cuisine.
Pour travailler et vivre chez les Anatolièvna, il fallait être très brillant, car il y venait tous les jours
du beau monde. On y invitait des hommes politiques et des gens de la maffia. Dans cette maison,
c'était un perpétuel va et viens de gens de milieux assez spéciaux.
Tous ces gens importants de la maffia, eux, ne mangeaient pas n'importe quoi. Rosetta la bonne
cuisinière était toujours à la hauteur et donnait entière satisfaction à ces bons messieurs et à leurs
petites familles. Elle me prit dans ses bras, me serra très fort et m'embrassa, comme si j'avais été son
propre enfant.
Le maître de la maison y faisait entrer son futur fils adoptif, alors toutes les
personnes qui y vivaient devaient m'aimer sans aucune arrière pensée. Rosetta ne faisait pas
semblant de m'aimer. Je pus lire sur son beau visage et ses magnifiques yeux noirs de Sicilienne,
qu'elle m'adorait déjà sans me connaître.
Elle n'accueillait pas un jeune paumé qui sortait de l'asile, mais peut-être le futur héritier d'un
château. Tonia lui avait annoncé la bonne nouvelle. Rosetta avait une fille de vingt ans, c'était une
belle créature sauvage et sournoise, elle servait les invités à table et leur chantait de jolies mélodies
siciliennes, que sa mère lui apprenait en faisant la cuisine.
On me présenta, la femme de chambre et son mari, le jardinier du domaine. Un couple de jeunes de
Strasbourg, des anciens alcooliques, qu'Alexandre avait sortis de leur enfer. En tout, cinq personnes
s'activaient pour faire vivre la grande maison. Tout le monde vivait sous le même toit sans se gêner
les uns les autres. La maison était si bien construite et organisée, que l'on pouvait croire que c'était
un petit hôtel. Dès que l'on franchissait la porte de l'entrée principale, aussitôt on découvrait une
grande salle : cette pièce spacieuse servait à accueillir les invités. On entrait dans la villa par l'aile
de droite. Alexandre avait dessiné le plan de cette demeure particulière.
Au centre de la villa, on découvrait un long et large couloir qui formait l'allée centrale, où de chaque
côté se dressaient une multitude de portes qui débouchaient sur des pièces ayant des fonctions
diverses. A l'extrémité de ce long couloir, s'étendaient deux ailes, qui ressemblaient à deux longs
bras, l'un tendu vers le nord et l'autre vers le sud. Le personnel était logé au nord. Les propriétaires
occupaient l'aile orientée plein sud, où ils pouvaient jouir d'une magnifique vue sur la mer. Dès que
les présentations furent terminées, Tonia m'invita à aller découvrir ma chambre, qui était à côté de la
sienne.
En entrant dans cette pièce, je fus très surpris et émerveillé : c'était un grand studio décoré avec goût
et merveilleusement bien aménagé, ayant tout le confort nécessaire et moderne pour bien y vivre.
En entrant dans ma chambre, je sentis aussitôt que je faisais réellement partie de cette famille qui
m'accueillait sans me connaître. Moi, Norbert de Monchavet, je venais enfin de pénétrer dans le
royaume des gens heureux. Ce monde là, allait-il lui m'offrir la paix et la sérénité?
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Quand j'eus terminé la visite des lieux, Tonia m'invita à faire le tour de la maison pour faire
connaissance avec les terrasses où on y passait beaucoup de temps pour les loisirs et pour s'y
détendre après de longues journées de travail. Tout le monde travaillait à la villa. Les terrasses
étaient aménagées de manières différentes : certaines avaient des parterres de fleurs, d'autres il y
poussait de la vigne sauvage. Il y en avait trois qui servaient de terrain de boules, où on allait y
passer beaucoup de temps avec ma douce Tonia, et tous les invités de marque venant des milieux de
la haute société.
Après en avoir terminé avec cette visite guidée des lieux, j'ai demandé à Tonia qu'elle appelle son
gros chien. Nous sommes partis faire une longue promenade ensemble, où des choses importantes
devaient se dire. Nous partîmes tous les trois sur cette route sinueuse qui menait à Sospel. Le chien
Fripon adorait s'y promener, car sa maîtresse le faisait courir pour entretenir son énorme
musculature.
Nous nous arrêtâmes tous les trois cent mètres pour souffler un peu. Tonia me prit la main. Elle me
dit :
-- Maintenant, je désire que tu deviennes mon fiancé. Elle m'aimait. La naissance de cet amour se fit
dès notre première rencontre, dans cet hôpital de Nice.
Dans cette promenade, je lui ai fait comprendre qu'une longue période de réflexion m' était
nécessaire avant de m'engager dans une aventure amoureuse durable. Je ne savais pas si j' étais
capable de m'adapter à cette nouvelle vie que l'on m' offrait si généreusement. J'avais été un voyou
et un voleur, un drogué et un agitateur, tantôt anarchiste et tantôt royaliste. J'allais devoir apprendre
à vivre autrement, je devais me trouver un travail pour ne pas vivre aux crochets de ces gens qui
m'accueillaient chez eux sans trop me connaître.
Tonia m'écouta, elle m'arrêta brusquement de parler, elle mit sa main sur ma bouche et m'ordonna
de me taire. Je dus l'écouter attentivement. Energiquement, elle m'expliqua que mon passé était
derrière moi, mon avenir était devant.
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Pour Tonia Anatolièvna, j'étais un noble et le fils du comte de Monchavet. J'étais l'unique amour de
sa vie, elle désirait ardemment vivre jusqu'à la fin de ses jours avec moi. Aucun autre homme ne
pourrait jamais l'intéresser autant que moi. Pour vivre cet amour intense qui s'offrait à moi, je devais
m'adapter très vite à ma nouvelle vie. J'ai compris que si je ne parvenais à trouver le bonheur dans
ma nouvelle famille, je devrais m'en retourner d'où je venais.
Je ne pouvais pas décevoir Tonia. Si je
l'abandonnais je risquais de briser sa vie. Après cette longue et merveilleuse conversation, Tonia me
prit dans ses bras, me serra très fort pour me réconforter et m'aider à affronter ma nouvelle vie.
Nous rentrâmes à la villa où nos parents nous attendaient en compagnie de trois invités qui s'étaient
installés dans la grande salle à manger. Ces gens devaient être des amis de longue date, parce qu'ils
semblaient très à l'aise dans cette maison. Avant de faire leur connaissance, Tonia et moi nous
allâmes dans notre chambre pour y faire un brin de toilette, afin de nous rendre présentable.
Parmi
ces gens, il y avait un homme de taille moyenne. L'invité était de nationalité italienne, qui paraissait
avoir soixante ans, environ. Sa femme était très élégante et jolie, avait une vingtaine d'années de
moins que lui. Ils avaient un fils du même âge que moi.
Alexandre me présenta aux invités en leur disant que j'étais le fils du comte de Monchavet. Les
invités de marque me regardèrent d'un air admiratif. Ils semblèrent un peu gênés de rencontrer un
membre de la noblesse et un nouvel ami de la maison. Je n'étais pas habitué à rencontrer des gens
de la haute société. Ce jour là je ne voulus pas décevoir les membres de ma nouvelle famille. Je me
souvins de ces deux derniers mois passés en compagnie de mon père, et de ses conseils qu'il me
donna pour faire de moi un vrai noble.
Je sus très vite me mettre dans la peau d'un membre de la noblesse, et sans complexes j'ai su me
servir des mots que mon père utilisait quand il recevait des gens de son rang. L'invité me dit que très
souvent il rendait visite à son grand ami Alexandre, afin d'obtenir des aides financières importantes
pour faire fonctionner son parti politique et ses nombreuses affaires. Toutes les personnes qui
venaient à la villa, c'était en grande partie par intérêt.
L'amitié avait aussi une part très importante.
Le prince Alexandre leur confiait de l'argent, et ces gens lui rendaient de très grands services en
faisant aussi tourner ses nombreuses affaires. J'ai compris très vite que c'était un investissement qui
s'avérait être très rentable pour le prêteur et ses associés. Ils étaient très nombreux et venaient des
quatre coins de l'Europe et d'ailleurs.
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Durant toute la soirée les invités parlèrent très souvent en italien, ignorant que je ne comprenais pas
très bien cette langue. Ma maman Toinette et la femme, parlèrent de toilettes et de mode. Tonia et
moi, nous étions très occupés à nous échanger des sourires et à nous pincer les bras et les jambes en
glissant discrètement nos mains sous la table. Nous chahutions comme deux enfants joueurs et
malicieux.
Le jeune invité nous regardait en regrettant de ne pouvoir être à côté de Tonia pour partager ce jeu
d'amoureux. Ce premier repas partagé avec les amis de mes nouveaux parents fut très réussi. Je me
suis trouvé admirablement bien dans la peau d'un jeune comte, en sachant pertinemment que je n'en
n'avais pas encore le titre et la fortune.
J'ai pensé que je devais probablement avoir le physique de l'emploi. De comte, je n'avais connu
jusqu'à ce jour que mon vrai père, qui était un homme très beau, très élégant et raffiné. Je plaisais à
presque toutes les personnes que je rencontrais. Je n'avais pas conscience de cette séduction
naturelle que je possédais. Cette soirée fut très réussie, je n'eus besoin de faire aucun effort pour
m'adapter à ma nouvelle vie. Les invités restèrent jusqu'à une heure du matin.
Tonia et moi nous nous sommes endormis dans le petit salon en écoutant de la musique classique.
Alexandre expliqua aux invités que le jeune comte de Monchavet venait de passer deux mois dans
un hôpital.
Ils comprirent et ne me firent pas réveiller pour me saluer avant de partir. Ce fut ma première
journée de liberté et mes premiers pas dans cette villa. Avant d'aller me coucher dans cette chambre
pour la première fois, j'ai embrassé mes nouveaux parents et Tonia. Je les ai remercié de m' avoir
offert autant de bonheur dans cette journée. Au petit matin, après avoir pris une bonne douche
chaude, je me sentis frais et disponible pour recommencer une nouvelle journée.
Je suis allé à la cuisine. Avant de m'installer pour prendre un peu de nourriture, j'ai pris d'abord ma
ration d'affection. Les membres de ma nouvelle famille me posèrent une multitude de questions et
voulurent savoir si je me sentais bien dans cette grande maison, et si je ne manquais de rien.
J'ai dis que je n'avais jamais vécu dans une famille aussi accueillante que la leur. J'étais très heureux
d'être avec eux. Alexandre satisfait se leva de sa chaise. Il dit : "Allez, les enfants! préparez-vous,
nous partons pour Genève! Je vous recommande de ne pas oublier vos papiers".
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Otto l'ancien prête fut chargé d'appeler un grand taxi pour que tous les membres de la famille
puissent se rendre à l'aéroport de Nice, où un avion devait nous emmener en Suisse. Ce voyage
allait être le premier avec les membres de ma nouvelle famille, et de nombreux autres suivraient
durant la longue période où j'allais vivre dans ce magnifique endroit. Je ne connaissais pas la
Suisse, je n'avais jamais voyagé en avion. Le voyage fut assez rapide.
- Tonia me dit : Quand tu verras un grand lac et un immense jet d'eau, alors nous serons arrivés à
Genève. Alexandre m' avait caché son intention de m'emmener dans ce beau pays : c'était une
surprise. En arrivant à l'aéroport, il s'empressa de me fournir des explications. Il m'expliqua le but
de ce voyage exprès.
Tous les membres de la famille Anatolièvna s'installèrent autour d'une table dans une grande
brasserie. Alexandre m' expliqua la raison de ce voyage en Suisse. Je devais rencontrer un très
grand psychiatre. C'était un très grand ami de mon nouveau père. Son ami dirigeait une maison de
santé pour milliardaires, où des gens de la haute société y venaient pour faire des cures de repos.
Alexandre me demanda si j' étais d'accord pour rencontrer cet homme qui désirait m'examiner très
attentivement. La veille, durant cette longue promenade entreprise avec Tonia, elle s'inquiéta de
mon comportement, elle en parla à son père. Il prit une décision rapide, il téléphona aussitôt à son
ami pour lui demander de me recevoir. Je ne pouvais pas refuser cet entretien avec ce docteur.
Pour ne pas contrarier les membres de ma famille, je me suis laissé ausculter par le grand ami de
mon nouveaux père.
Alexandre loua un minibus pour se rendre chez son ami le docteur Dimitrov. Nous sortîmes de la
ville, côté sud-est. Le minibus roula durant quelques minutes avant d'arriver dans cette maison de
repos. C'était une clinique psychiatrique privée. Cet endroit n'avait rien de comparable avec l'asile
de Nice, qui était crasseuse et lugubre. Nous entrâmes dans un petit parc, nous vîmes des malades
qui se promenaient tous accompagnés d'une jolie infirmière.
Page 44 - Une nouvelle famille Chapitre 3 -
Le minibus s'arrêta juste en face de la porte d'entrée de la clinique. Une charmante hôtesse nous
attendait pour nous conduire au bureau du patron de cet établissement.
-- Bonjour et bienvenue dans cette clinique. Suivez-moi, le docteur vous attend dans son bureau,
nous dit gracieusement l'hôtesse d'accueil. Le prince Alexandre et son épouse étaient très connus
dans cette clinique. Ils y venaient tous les ans, afin de se reposer de cette vie si agitée qu'ils
menaient tous les deux tout au long de l'année.
Nous entrâmes tous dans le grand bureau du docteur. Je fus très surpris en voyant cet homme pour
la première fois. Physiquement il ressemblait un peu à mon nouveau père. Le docteur prit Alexandre
dans ses bras, ils s'embrassèrent à la russe, en se serrant très fort l'un contre l'autre. Ces deux grands
hommes se connaissaient depuis 1916. A cette époque-là, ils avaient une vingtaine d'années et
fréquentaient les grandes écoles de Moscou. Le docteur faisait des études de médecine, et Alexandre
étudiait le droit et les sciences politiques. Après cette chaleureuse embrassade, il salua très
affectueusement tous les autres membres de la famille.
En arrivant près de moi, le docteur s'exclama :
-- Eh bien, le voilà notre jeune homme de la noblesse, nous allons bien prendre soin de lui dans
cette clinique!. En entendant ces quelques mots, je devins blême et je pris la main de Tonia, la serra
très fort en lui disant : "Il n'est pas question que je reste enfermé ici dans cette clinique!".
Le bon docteur me rassura immédiatement en me disant que rien ne me retiendrait très longtemps
ici. On allait seulement me faire subir un examen très approfondi pour faire connaissance avec ma
personne, parce que cela s'avérait nécessaire. Je ressemblais à un petit enfant, qu'on allait arracher à
ses parents, je tremblais déjà à l'idée d'en être séparé si brutalement.
Je dus raconter au docteur mon douloureux passé. Il m'écouta très attentivement. Une infirmière me
brancha des électrodes sur le cerveau, elle utilisa toutes sortes d'instruments qui semblaient
indispensables pour ce genre d'examen.
Une heure après, le docteur me regarda d'un air presque satisfait. Il dit aux membres de ma nouvelle
famille que tout était à peu près normal. Je devrais dans l'avenir être suivi très régulièrement. Pour
le docteur, ce manque d'affection et mon enfance passée dans cet environnement familiale, où j'ai du
vivre avec des parents qui ne s'aimaient pas et se déchiraient violemment. Le docteur leur expliqua
que cette vie affligeante m'avait profondément marqué et traumatisé.
Page 45 - Une nouvelle famille Chapitre 3 -
Une enfance sans amour ni affection, cela engendrait inévitablement des blessures invisibles et
profondes dans le corps d'un enfant. J'avais l'air d' être un jeune homme très équilibré. Comment
aurais-je pu oublier ce passé qui ne cessait de me harceler et de me torturer l'esprit. Le docteur était
parfaitement conscient que son patient allait probablement dans un proche avenir perturber le
bonheur de cette famille qui l'accueillait si généreusement et désirait l'adopter. Mais il pouvait se
tromper, parce que le cerveau d'un être humain, c'est quelque chose d'impénétrable.
Il ne voulut rien dire à son ami Alexandre, afin de ne pas gâcher le bonheur des membres de sa
famille, car il les sentait très heureux de vivre avec moi. La visite était terminée, j'étais impatient de
quitter cet endroit, car l'odeur des hôpitaux m' était devenue insupportable et me mettait mal à l'aise.
Je remerciais ce bon docteur de m'avoir si gentiment examiné et ausculté avec tant de bonté et
d'humanité.
Après avoir chaleureusement salué et remercié ce grand homme, nous quittâmes cet endroit pour
aller à Lausanne. Alexandre y possédait une multitude de cabinets d'affaires. Quand nous arrivâmes
dans le centre de la ville de Lausanne, Alexandre gara le minibus dans le garage du premier
immeuble qu'il allait me faire visiter.
Hans Fridman, le directeur d'une agence de police privée nous attendait lui aussi avec impatience.
Alexandre fit sa connaissance à la fin de la guerre. Cet homme l'aida à organiser sa protection. Hans
Fridman était un juif allemand, né dans un riche milieu d'industriel du textile. La guerre vint briser
et anéantir entièrement tous les membres de sa famille.
Mais lui,
il put s'enfuir pour échapper aux camps de concentration, il vint s'installer en Suisse, où il se plaça
sous la protection d'anciens amis de son père, qui appartenaient à la grande maffia américaine et
italienne.
Ces gens l'aidèrent et lui procurèrent de l'argent pour aider ses frères persécutés pas les nazis. Mais
la maffia n'étant pas une institution de bienfaisance, alors il dut rembourser tous ces gens. Pour
rembourser sa dette, il se mit à leur service et les aida à développer une multitude d'affaires en
Europe. Alexandre et Hans Fridman, purent se rencontrer à Paris, dans un
établissement que dirigeait un certain Sacha Vlanov. Très vite, ils sympathisèrent, étant de la même
race, de la race des seigneurs et des hommes que rien ne pouvait arrêter, ni ébranler, car ils étaient
forts dans leurs corps et dans leurs têtes.
C'est à partir de cette rencontre qu'Alexandre commença à s'organiser et à recruter des hommes :
pour ne pas être assassiné, il dut construire autour de lui une immense forteresse humaine, afin que
Staline ne puisse jamais l'atteindre, lui et sa famille. J'étais à peine sorti de l'hôpital, et déjà je me
trouvais noyé dans un univers étrange, un monde qui m' était
totalement inconnu, et où j'allais devoir m'y intégrer très rapidement. Cette nouvelle vie allait me
plaire, elle m' apprendrait tout ce qui existait dans ce monde.
Page 46 - Une nouvelle famille Chapitre 3 -
Ces gens avaient un rythme de vie si différent du mien, mais cela me plaisait et renforçait ma
curiosité et mon envie de vivre dans ce milieu mystérieux que je découvrais. Dans cette belle ville
de Suisse, on visita une multitude d'agences, qui étaient toutes différentes les unes des autres. Elles
appartenaient toutes à mon nouveau père et à cette grande famille de la maffia. Ils avaient même
une banque, où Tonia m'apprit qu'on y blanchissait de l'argent sale. Sur le moment, je ne compris
pas ce que cela voulait dire, mais par la suite j'ai voulu savoir ce que cela signifiait, de l'argent sale.
La visite de cette ville me fatigua énormément, je n'étais plus habitué à supporter toute cette
agitation, tous ces mouvements de gens et de voitures bruyantes et polluantes. J'ai demandé que l'on
parte vers un endroit un peu plus calme, afin de m'y reposer de cette mauvaise fatigue. Tonia
demanda à son parrain, Hans Fridman, qu'il nous invite dans sa villa qui était à quelques kilomètres
de Lausanne, sur le bord du lac Léman.
Nous quittâmes cette ville et nous montâmes sur un bateau pour nous rendre chez cet homme qui
dirigeait les affaires de mon nouveau père. Je fus séduit par cet homme. C'était un homme très riche,
mais cette richesse était une récompense méritée. Il avait aidé et sauvé tant de pauvres juifs pendant
la guerre. Plusieurs fois il risqua sa vie pour sauver celle des autres.
Je n'étais jamais monté en bateau sur un grand lac, ce petit voyage fut pour moi une nouvelle
découverte qui me combla de joie et de bonheur. Tonia était ravie de me voir découvrir les beautés
de la Suisse. Le bateau filait lentement sur cette immense nappe d'eau, calme et reposante. Ce jour là,
je découvris les villages au bord du lac et les merveilleux
paysages.
Je découvris et apprécia le moindre petit mouvement des choses, du naturel et de l'artificiel. Toutes
ces découvertes, c'étaient des trésors de la nature, que la vie m' avait caché jusqu'à ce jour, parce
que mes yeux ne devaient pas être dignes de les voir.
Cette beauté là, je pensais que pour l'apprécier et la savourer pleinement, il fallait être né dans un
milieu de nantis. Le bateau s'arrêta à Nyon. La famille Anatolièvna se rendit à la villa de Hans
Fridman. La femme de Hans était une Sud Américaine, elle avait tenté d'assassiner un membre du
gouvernement de son pays en 1959, parce que son père avait été fusillé pour rébellion. La fille du
révolté voulut venger son père, mais elle faillit très vite y perdre sa vie. Par chance, Hans, l'homme
d'affaire passait par là, ainsi il put la sortir de son infecte prison où elle attendait que l'on vienne la
chercher pour lui faire payer ce crime qu'elle avait commis.
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Le chef de la police étant un être très corrompu et aimant l'argent, il accepta de remettre cette jeune
femme à son ami Hans. Hans Fridman était un homme au grand coeur, il n'hésitait pas à sauver des
vies humaines quand il le pouvait. Sa belle épouse s'appelait, Anita Cordobès. Dès que je suis arrivé
à la villa, immédiatement elle me prit dans ses bras elle me réserva un accueil très chaleureux. La
veille, Tonia lui avait téléphoné et raconté mon passé. Cette femme avait eu elle aussi une enfance
misérable, et la faim fut très souvent son principal et redoutable ennemi. La femme de Hans nous
prépara un somptueux repas qu'elle fit avec de la nourriture de son pays.
Quand je suis entré dans la grande salle à manger, je fus émerveillé de découvrir tant de luxe et de
richesse. Chez mes nouveaux parents tout était beau, mais le luxe n'y était pas si aveuglant. C'était
un luxe très discret et presque invisible. Cette soirée avait été organisée en mon honneur. J'étais un
nouveau membre de la famille d'Alexandre, on fêtait mon entrée de cette grande famille.
Nous fetâmes joyeusement cet événement. Après le repas nous avons chanté et dansé jusqu'à deux
heures du matin. Le lendemain matin, nous quittâmes la villa de Hans Fridman, pour aller à Zurich,
où d'autres amis nous attendaient et désiraient faire ma connaissance.
Quand je suis arrivé à Zurich, on me présenta à madame Ciferman, la directrice d'un grand atelier
de couture. Ma nouvelle maman était une très grande artiste, elle dessinait des modèles de
vêtements pour femmes et pour enfants. Tout ce qui était fabriqué dans cet atelier, partait pour les
Amériques, pour y être vendu à de riches bourgeoises. Nous sommes restés plus de deux heures à
visiter ce magnifique atelier de confection. Alexandre avait l'intention de me faire connaître tous les
membres de sa famille qui vivaient en Suisse. il dut appeler un médecin de toute urgence, parce que
je me suis évanouis et j'ai sombré quelques minutes dans un semi coma.
Je venais de sortir de l'hôpital, et déjà on m'entraînait, de ville en ville, où on mangeait et buvait
plus que de raison, alors qu'une longue période de repos m' avait été prescrite par un docteur. Le
médecin constata que ce n'était pas grave. il me prescrivit trois semaines de repos forcé. Nous
sommes rentrés à Menton pour que je puisse me reposer. Pendant trois semaines, personne ne vint
nous rendre visite, à la villa Nina. Nina : c'était le petit nom de la maman de mon nouveau père.
Alexandre aimait sa chère et tendre mère, ainsi que son père.
Les deux amours de sa vie n'étaient plus de ce monde, mais il les sentait toujours présent près de lui.
Parfois il leur parlait et leur disait des mots tendres. Alexandre vit le jour en 1897, dans le fin fond
de la Sibérie, pas très loin de la Mongolie. Ses parents descendaient des mongoles, ils avaient
conservé la physionomie de leurs lointaines origines.
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A cette époque-là, ils étaient au service d'un prince, le prince Antipova. Cet homme issu de la haute
noblesse était conseiller politique du Tzar Nicolas 2. La famille Anatolièvna vivait très
misérablement dans une grande maison, faite de bois et de terre séchée. Le père soignait les
animaux et cultivait la terre les mois d'été.
L'hiver, il s'occupait à l'atelier où il y réparait des objets d'art et des meubles anciens, ainsi que des
tableaux, des toiles de maîtres et des poteries anciennes. Le père d'Alexandre avait un don pour la
restauration d'objets d'art, il le transmit à son fils unique. Alexandre exerçait un peu ce beau métier,
sur la Côte d'azur et en Italie, où il avait de nombreux et très riches clients. Au début du siècle, dans
la période où il n'était encore qu'un enfant, un jour il sauva la fille du prince Antipova, qui se noyait
dans le lac, près du palais où vivaient ses maîtres. Ce sauvetage fit de lui un héros, et il devint le fils
héritier du prince Antipova.
Alexandre profita de ces quelques journées de repos me raconter une toute petite partie de l'histoire
de sa vie. Ensemble, nous sommes aller faire quelques ballades en bateau, où l'air marin me fit
énormément de bien. Après trois semaines d'un bon et sain repos, je pus reprendre une vie normale
et me refondre dans le rythme de la vie des membres de ma
nouvelle famille.
Après avoir accumulé une énorme quantité d'énergie, je sentis le besoin de me dépenser
physiquement pour redonner un peu de vitalité à tous mes muscles qui avaient un peu souffert
depuis quelque temps. Alexandre et Otto faisaient presque tous les jours plus de dix kilomètres de
course à pied à travers le maquis de l'arrière pays, dans des endroits très
montagneux et abrupts.
Quand ils revenaient, je constatais que physiquement ils semblaient très épuisés de cette longue
virée. Qu'avaient-ils fait comme exercices physiques pour rentrer dans un tel état? Je pensais que
moi aussi je pouvais m'engager dans leur expédition sportive matinale. Pour cela j'allais devoir
m'acheter tout l'équipement sportif qui était indispensable pour me lancer dans ce genre de raide.
Ma première grande sortie fut très laborieuse, parce que mes muscles n'avaient pas été préparés
pour ce genre d'exercice physique. On m' avais vivement déconseillé d'aller courir sur les sentiers
couverts de pierres et de racines, sans s'être soigneusement préparer les muscles des jambes. Têtu et
obstiné, je n'écoutais personne.
Comment un jeune homme grand et vigoureux comme moi, aurait-il pu être distancé après trois
kilomètres de course? Mes compagnons avaient plus de soixante ans, et c'était là un très sérieux
handicap. Cette expédition sportive de course de fond en terrains très accidentés me valut trois jours
de repos forcés, car il me fut impossible de mettre un pied au sol. On dû
faire venir un médecin et un masseur pour me décontracter les muscles meurtris par tant d'efforts.
Une semaine après, je récidivais et dévorais plus de dix kilomètres dans la montagne.
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Mais cette expédition là, n'eut pas le même effet que la précédente, parce que le lendemain matin, je
pus me lever et marcher sans trop de problèmes. Cette orgie d'efforts physiques devait prouver à mon
nouveau père que ma santé et mon moral étaient excellents. Ma dette envers cet homme
exceptionnel qui m'avait arraché à mon triste milieu, elle était énorme. Que pouvais-je faire pour me
montrer digne de sa confiance et de sa générosité?
J'avais envie de lui dire : "Regarde, mon beau papa, regarde bien le drogué que tu as sorti de l'enfer
psychiatrique, maintenant il veut vivre en homme responsable et non plus comme un lâche qui a
peur de la vie". Pour remercier tous les membres de ma nouvelle famille, je devais me battre
ardemment et construire une forteresse pour y installer mon bonheur afin que personne ne vienne
tenter de m' arracher à cet univers de bonheur. Durant plusieurs jours, je me suis entraîné avec mes
deux joyeux compagnons. Tonia nous suivit, elle aussi, mais en ayant prit soin de ne pas faire la
même erreur que moi.
Sa grande résistance physique m'étonna, elle semblait souvent moins fatiguée que moi, tout en
faisant les mêmes efforts. Le matin, je courais dans la montagne, et l'après-midi, je passais plus de
deux heures dans la salle de culture physique de la maison. Après m'être bien préparé physiquement
et mentalement, je pus me rendre utile dans la société. J'ai demandé à Otto, le bon prêtre, de me
prendre avec lui dans son association d'aide aux enfants malheureux et abandonnés.
Presque tous les jours de la semaine, il partait après le déjeuné et ne rentrait pas avant dix heures
du soir. Rendu et épuisé, il s'asseyait dans la cuisine afin que Rosetta lui serve le repas qu'elle avait
préparé spécialement pour lui. Son visage buriné et au teint hâlé exprimait la joie de vivre. Il sortait
de son cartable de cuir des billets de banque et des chèques, puis les comptait plusieurs fois pour
savourer la réussite de sa journée.
Otto allait saluer de nombreux et très riches bourgeois, français et italiens. Il choisissait ses relations
en fonction de leurs âges et fortunes. Les impotents qui ne pouvaient plus aller à la messe, il priait
avec eux et écoutait leurs histoires de riches qui ne savaient que faire de leur richesse.
Ces gens n'avaient plus de santé, mais ils avaient de l'argent qui était le bienvenu pour aider les
pauvres. Je pensais qu' Otto devait me faire connaître son univers de pauvreté, où il y soulageait et
sauvait des enfants que l'on torturait, frappait et leur rendait la vie impossible.
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Cette tâche que lui avait confiée Alexandre, faisait de lui un homme heureux. Il n'était plus
officiellement prêtre ouvrier, mais il faisait comme s'il n'avait jamais quitté l'église. Son église, à
lui, c'était son association d'aide aux enfants malheureux. Il y en avait tellement à cette époque, en
France et en Italie. Je désirais me lancer dans cette aventure, je voulais aider de toutes mes forces,
mon ami le prêtre, parce que la pauvreté n'avait aucun secret pour moi. Cette dame misère, elle
m'avait tant aimé et serré dans ses bras d'acier, à m'en briser les os. J'avais un compte à régler avec
elle.
Il y avait des enfants qui étaient arrachés à des familles où le père buvait plus que de raison.
Malheureusement et trop souvent, le pauvre Otto arrivait trop tard. L'enfant était mort de faim et
d'avoir été maltraité. Je connaissais très bien cet univers impitoyable des enfants maltraités. Au
début des années soixante, je fis la connaissance d'un jeune blouson noir qui avait un père qui
buvait et maltraitait ses enfants. Un jour, j'ai surpris le père de mon ami frappant avec une ceinture
en cuir un enfant de trois ans. L'enfant protégea son beau petit visage, il se mit à genoux, et sans
pleurer il attendit que son père cesse de le frapper.
Quand je vis cette scène de violence, j'eus envie de prendre l'enfant et de l'emmener avec moi afin
qu'il échappe à la brutalité de ce père alcoolique. Je n'acceptais pas cette lâcheté et cette violence
ignoble, j'ai décidé de protéger les enfants. Quand j'apprenais qu'un enfant était battu par son père, j'
intervenais avec les membres de ma bande, et je menaçais le bourreau de représailles. Pour aider les
enfants battus, Otto avait à sa disposition une trentaine de bénévoles. C'étaient des retraités
disponibles et très compétents.
On ne pouvait pas confier ce genre de travail à n'importe qui, car il fallait connaître le milieu où
vivait ces pauvres petits êtres battus et privés d'affection. La police était souvent débordée de
plaintes, mais elle acceptait toujours un bon coup de main venant de membres d'associations
humanitaires. Les bénévoles étaient des anciennes assistantes sociales, des
psychologues et des pédiatres ayant travaillés dans des hôpitaux aux services des enfants. Il y avait
même des juges pour enfants dans cette association. Tous les bénévoles entretenaient de bonnes
relations, car ils aimaient les missions qu'Otto leur confiait.
Je fus engagé comme assistant dans l'association. Un matin avec Otto, nous montâmes dans la deux
chevaux et partîmes en Italie, en passant par le col de tende. Ce jour-là, nous sommes allés dans un
village, à quelques kilomètres de Cuneo, pour y retirer un enfant à son père, parce que des voisins
l'avaient dénoncé à la police. L'enfant était enfermé dans un petit bâtiment en bois, là où vivaient les
cochons. Le pauvre petit, il hurlait, parce que son père le privait de nourriture et le frappait.
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