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Roman pages de 21 à 30

Roman pages de 21 à 30

 

Page 21 . Chapitre 1

 

Ces hurlements apaisaient notre souffrance, ils libéraient nos pauvres corps de cette haine malsaine

qui nous rongeait et rendait notre vie insupportable. Dans ce foyer de jeunes travailleurs où

m'envoya le policier, on me prépara afin que je puisse passer un test pour entreprendre une

formation de plombier. Je dus apprendre le calcul et la grammaire pour réussir le test, et cela se

passa très bien. Dans cette nouvelle aventure, je m'y suis lancé corps et âme, pour me montrer digne

de la générosité du policier. Cet homme généreux m'a évité la maison de correction où l'on m'aurait

achevé ou rendu fou et dangereux.

 

Je suivis ce stage avec la rage au corps de vaincre toutes les difficultés que je pourrais rencontrer.

Mes efforts furent récompensés car j'obtins le diplôme d'aptitude à exercer ce métier du bâtiment.

Je me réjouis en pensant que plus jamais je n'allais servir de larbin à des compagnons ouvriers,

comme je dus le faire auparavant, parce que je n'avais pu apprendre de métier. Ce certificat

d'aptitude professionnelle, gagné à force de travail et de volonté, allait-il faire de moi un autre jeune

homme? Allait-il m'ouvrir des portes qui jusque là restaient désespérément closes et

infranchissables?

 

Je me demandais si j' allais un jour sortir de cet univers sordide où l'on m'avait jeté dès ma

naissance. La société me tendait-elle une corde pour m' aider à me sortir de cette vie infecte. En

arrivant à Paris, je fus embauché dans une petite entreprise de plomberie en plein coeur de la cité,

comme petit compagnon plombier.

 

Pendant des mois, j'ai appris ce métier, j'ai parcourus cette grande ville de long en large. Dans cette

nouvelle vie, je pensais pouvoir m' offrir quelque instant de bonheur et faire la connaissance de

garçons et de filles de mon âge. J'évitais de fréquenter les jeunes de mon âge, j'avais peur de

redevenir un voyou. Cette grande ville de Paris ne dégageait aucun parfum de paradis, je ne m'y

sentait pas chez moi. Les grands espaces et les forêts que j'avais tant parcouru durant la période de

mon enfance, cela me manquais terriblement. Je ne pouvais plus aller dans les forêts du château de

mon père pour hurler comme un jeune loup.

 

Page 22 . Chapitre 1

 

Cette grande ville ne pouvait pas devenir mon ami, parce qu'elle ne respirait pas comme moi. Je

pensais que ma vie n'était qu'un chemin de croix, que je souffrais, je payais pour des choses dont je

n'étais guère responsable. Quand je ne travaillais pas, je m'enfermais dans ma petite chambre de

bonne, rue parmentier, je parlais avec mon chat. Elodie la fille de la concierge entra dans ma vie, elle

devint un rayon de soleil. De jeune voyou révolté que j'avais été je devins un ouvrier docile, un

nouveau larbin du système capitaliste.

 

Elodie devint ma fiancé, elle me présenta à un de ses nombreux amis, il s'appelait Emile Chapelle, il

avait deux ans de plus que moi. Emile était un communiste, il me raconta sa vie. Il vivait avec sa

mère qui était fille mère, elle était enseignante. Emile, sa maman rose et Elodie devinrent ma

nouvelle famille. Le soir, après mon travail j'allais discuter avec des membres du parti communiste

avec Emile et Elodie. Nous discutions des problèmes des travailleurs du bâtiment.

 

Rose la mère d'Emile fréquentait les syndicats d'étudiants, c'était une militante communiste et une

grande rêveuse. Emile m'a présenté des amis qui étaient des étudiants gauchistes, des anarchistes,

des royalistes et des révolutionnaires. Ces jeunes méprisaient la société et leurs parents. Les jeunes

bourgeois disaient que leurs pères étaient des rapaces avides de pouvoir et d'argent. Ils disaient

qu'ils s'empiffraient d'argent, alors que les deux tiers de la population mondiale ne mangeait pas à sa

faim.

 

Emile fit beaucoup d'effort pour me faire adhérer à son parti politique. Pour lui faire plaisir je

participais aux réunions de son parti politique. Je me sentis plus attiré par les royalistes, les

anarchistes et les révolutionnaires. Je n'avais vécu que quelques jours dans le château de mon père

quand il m'avoua que j'étais son fils. J'étais un noble et les jeunes étudiants royalistes me plaisaient

beaucoup. Je voulais qu'ils m'adoptent et me reconnaissent comme étant des leurs.

 

J'avais été un voyou, un blouson noir, je devais devenir le chef d'une bande de jeunes royalistes

révolutionnaires. Elodie faisait des études de droit, elle m'aida à organiser des réunions avec des

jeunes royalistes. Dans nos réunions je devins un agitateur et un ardent révolté contre la société.

Mes jeunes amis royalistes disaient de moi que j'étais un écorché vif, un bâtard de la noblesse. Ils

me faisaient boire et m'engageaient dans la consommation de drogue. Ils me faisaient respirer de la

poudre blanche, ils me disaient que cela avait le pouvoir de dissiper la trop grande consommation

d'alcool.

 

Page 23 . Chapitre 1

 

Les semaines et les mois passèrent, un jour je dus quitter Paris, je dus abandonner ma belle Elodie

et mes amis. Un soir après avoir trop bu, je suis tombé, ma tête heurta violemment le sol. On du

m'emmener à l'hôpital, où l'on constata que j' avais une légère fracture du crâne et que mon corps

était chargé de drogue et imbibé d'alcool. Cette clinique de riche où on me conduisit en disant que je

m' appelait Norbert de Monchavet. On se renseigna sur ma personne, et très vite le petit ouvrier du

bâtiment que j' étais en réalité ne put rester dans cet établissement plus d'une journée. On me retira

très vite de cet endroit où mes riches amis m'avaient déposés. Je me suis retrouvé dans un hôpital

psychiatrique. Mes amis étudiants ne furent jamais prévenus de cet internement où je fus enfermé

durant deux mois.

 

On me soigna certainement beaucoup mieux que les autres malades qui échouaient dans cet asile où

l'on y amenait des ivrognes sans trop s'occuper d'eux, parce qu'ils étaient pour la plupart

irrécupérables. J'étais encore très jeune et certainement récupérable, sans quoi on m'aurait

abandonné et oublié comme les autres. L'alcool et la drogue m' avaient quelque peu endommagé le

cerveau, mais mon coeur et mes muscles n'étaient pas endommagés.

 

Dans cet hôpital, je fis beaucoup d'efforts pour comprendre ce que me disaient les médecins et les

infirmiers. On m' expliqua que je devais être très patient, sérieux et raisonnable. Ma guérison ne

dépendait que de moi, de ma propre volonté et de mon envie de vivre. Quand le docteur décida que

mon état était satisfaisant, il me dit que je pouvais quitter l'hôpital. Je suis revenu vivre dans ma

chambre de bonne, mais cet accident avait fait de moi un handicapé léger qui ne pouvait plus

travailler pendant quelques mois.

 

Mon cerveau se trouva souvent plongé dans un épais brouillard, qui, quelque fois daignait se

dissiper, mais revenait aussi vite qu'il sortait de ma pauvre tête. Les indemnités que me versait la

caisse maladie ne me permettaient plus de vivre comme avant. Mon ami Emile tenta de m'aider

financièrement, mais en vain, mais je ne voulais dépendre de personne. J'ai rompu avec ma fiancé

Elodie parce que je ne voulais pas être un fardeau pour elle.

 

Page 24 . Chapitre 1

 

J'ai demandé à mes amis de m'abandonner à mon triste destin, car je ne croyais pas ce que les

docteurs me disaient. Leurs promesses de guérison, cela ne pouvait pas être possible pour moi.

J'avais rencontré l'amour avec Elodie, mais je n'ai pas été capable de gérer ma vie. Je suis devenu un

paumé. En venant à Paris je voulais démontrer au policier qui m'avait tendu la main que j'étais

capable de devenir un homme honnête et que je pouvais m'intégrer dans la société. J'ai compris qu'à

force de vomir ma haine de la société, mon corps avait failli imploser et sombrer dans le néant.

 

J'aurais du trouver la volonté de pouvoir vivre normalement. Je me suis laissé entraîner par des jeunes

étudiants qui étaient tout aussi paumés que moi. Ces jeunes étaient des enfants de riches mais leurs

parents ne s'occupaient pas d'eux, ils manquaient d'affection. A la fin de l'hiver de 1964 et 1965, je

n'avais que vingt ans, et j'en paraissait dix de plus. Mon visage était très maigre et livide, j'avais

déjà un regard de vieux, vide et sans vie. Tout doucement mon état mental s'améliora, mais il me

manquait de la volonté et de la patience.

 

Je redevins un jeune clochard. Dans cette chambre aménagée dans un grenier où je vivais, ce

lugubre environnement ne facilitait pas ma guérison. Ma belle Elodie venait me voir mais je

refusais de lui parler, j'avais honte de ma déchéance. Je passais mes journées à dormir et à rêver.

Dans mes rêves, je passais mon temps avec mon père, nous marchions main dans la main sur ses

terres, j'étais le jeune comte de Monchavet. Je ne comprenais pas pourquoi on avait ôté la vie à mon

vrai père, j'avais l'impression de subir une injustice.

 

Dans mes rêves, je voyais la mer et le soleil, je voyais une belle jeune femme de mon âge, elle avait

de beaux et longs cheveux noirs, elle était vêtue d'une longue robe blanche, elle marchait dans la

grande allée du château et elle disparaissait. C'était ma princesse, je devais aller à sa recherche au

bord de la mer. J'ai décidé de partir pour rencontrer cette jeune femme qui devait m'attendre quelque

part. Souvent, je passais devant la gare de Lyon. Cette gare m'attirait et j'y entrais pour regarder les

voyageurs partirent dans le sud de la France.

 

Je ne pouvais pas vivre et aimer mon père au château des trois fontaines, je sentais qu'il y avait

quelque part une famille qui m'attendait pour m'offrir de l'amour et pour remplacer ce père qui me

manquait tellement. Paris ne pouvait rien m'offrir, j'aimais Elodie mais quand je la regardais, je ne

voyais plus son visage, je voyais ma princesse qui hantait mes rêves. Il me semblait que mon père

me disait de partir à sa recherche. J'ai quitté Paris en me disant que si le sud de la France ne me

permettait pas de retrouver cette princesse, je devrais mettre fin à mes jours.

 

Page 25 . Chapitre 1

 

Je suis entré dans la gare de Lyon, j'ai acheté un billet pour Nice. Je pensais que cette ville

était dans le sud de la France et que c'était là bas que je devais me rendre pour rencontrer la

princesse de mes rêves. Ce voyage me parut interminable, j'étais seul dans un compartiment de ce

train. Ce train emportait au loin une épave humaine que la ville de Paris avait rejetée. J'étais un être

si fragile, un déraciné, une feuille presque morte que le vent emportait au loin vers l'horizon chaud

afin qu'elle reprenne vie au soleil et au printemps prochain.

 

J'ai quitté Paris dans l'espoir de m'engager dans une nouvelle vie. Après Nice, le train s'arrêta à Menton, une

force mystérieuse m'ordonna de descendre dans cette petite ville. En sortant de la gare, je me suis

dirigé vers la mer. Je n'avais jamais vu la mer, je l'avais seulement vu au cinéma. En regardant cette

étendue d'eau bleue comme le ciel, j'eus l'impression d'entrer dans un autre monde. Ma princesse

devait habiter dans cette ville qui sentait bon le parfum du citron et de l'oranger sauvage. Je suis

arrivé à Menton dans la fête des citrons.

 

Après m'être enivré des odeurs de la mer et de la ville, je me suis assis sur un banc dans la grande

allée devant le casino. Je n'avais qu'un sac de voyage avec seulement quelques vêtements de

rechanges dedans. Je devais me trouver un travail pour vivre car je n'avais plus d'argent. Pas même

de quoi m'offrir un repas. J'ai marché dans cette ville à la recherche d'un travail. Devant le casino il

y avait des restaurants, je me suis arrêté devant le restaurant "le Globe" on recherchait un plongeur.

A la terrasse des clients buvaient un café. Il devait être quinze heures, le restaurant ne servait plus

de repas.

Je suis entré dans ce restaurant, j'ai demandé à parler au patron. Une jeune femme d'une

trentaine d'années est venue vers moi, elle m'a dit qu'elle était la patronne du restaurant. Elle m'a

regardé et m'a demandé si je n'étais pas à la recherche d'un emploi. Je lui ai dit que je venais de

Paris et que je sortais d'une longue période de maladie. Je lui ai dit que j'avais très faim et que je

pouvais devenir un bon plongeur. La patronne m'a engagé et m'a invité à me rendre à la cuisine. Le

cuisinier m'a offert un bon repas.

 

Le soir à sept heures, je me suis mis au travail jusqu'à onze heures. Ma première nuit dans cette

ville, je l'ai passé sur la plage, je n'avais pas de logement. Je me suis acheté une petite tente de

camping et je me suis installé sur le terrain de camping sur les hauteurs de la ville. J'ai travaillé

deux mois dans ce restaurant. L'après midi j'avais trois heures de libre, je pouvais me promener

dans la ville. Je me rendais à la plage derrière le casino, je m'allongeais sur le sable et je rêvais.

Dans mes rêves, je voyais ma princesse, elle marchait sur la plage, elle venait vers moi, elle tentait

de me parler et elle disparaissait.

 

Page 26 . Chapitre 2 La prison, l'asile.

 

Je pensais que je pouvais la rencontrer dans la ville ou bien sur la plage, j'avais envie de crier pour

lui dire que j'étais venu de Paris pour la rencontrer. Cette petite ville me semblait être un endroit

magique où mon rêve pouvait se réaliser. Je suis entré dans une période de déprime, ne voyant pas

apparaître la belle princesse de mes rêves j'ai décidé de mettre fin à ma triste vie. J'ai avalé des

somnifères et je me suis retrouvé à l'hôpital de Menton.

 

Une infirmière s'est occupée de moi, elle m'a dit que je devais rencontrer un psychiatre de l'hôpital

de Nice. Une ambulance m'a emmené à Nice. Je me suis retrouvé dans un établissement

psychiatrique lugubre, il y avait des barreaux aux fenêtres. Des malades criaient la nuit. Un

psychiatre m'a fait venir dans son bureau, il a dit à une infirmière qu'elle devait me donner des

calmants. Le docteur m'a dit que j'étais un paumé et un drogué. Il m'a fait comprendre que je devais

apprendre à mieux gérer ma vie.

 

Je lui ai demandé combien de temps j'allais resté dans cet hôpital, ne voyant pas venir de réponse, je

me suis énervé. Deux infirmiers m'ont conduit de force dans une cellule d'isolement, ils m'ont ligoté

le torse et les jambes. Je suis resté plus d'une journée dans cette cellule d'isolement. Une infirmière

est venue me détacher, elle m'a dit que je ne devais pas m'agiter dans cet hôpital parce que le

docteur n'aimait pas les malades comme moi. Pour ce docteur, j'étais un jeune drogué qui devait être

maté pour lui ôter l'envie de se détruire la santé.

 

On m'apporta un plateau repas, et dès je j'eus terminé mon repas, un infirmier m'emmena dans un

grand dortoir. Un lit était vide, il me dit de m'y installer. Mon voisin de lit s'appelait, François

Rambert, il venait souvent dans cet hôpital parce que la drogue le rendait fou. C'était un

fonctionnaire, il enseignait dans un lycée. Il recevait la visite d'un homme qui se disait être un

prince. Dans cet hôpital on le connaissait sous le nom de prince Alexandre. Cet homme était le père

d'une jeune princesse que j'allais rencontrer dans cet asile.

 

Ce prince russe exilé venait souvent dans cet hôpital, il dirigeait une association d'aide aux drogués.

Le premier regard que François jeta timidement sur moi, ne fut pas très chaleureux. L'enseignant,

voyant que j'étais dans un triste état, il me regarda de la tête aux pieds, il vit que mon visage était

couvert de coups administrés par les infirmiers pour me neutraliser. Mon voisin de lit demeura muet

pendant deux jours. Il devina que j'étais un garçon étrange, il pensa que j' avais des choses

intéressantes à lui dire.

Dans mon sac de voyage, j'avais des cahiers d'écoliers, ils contenaient l'histoire de ma vie, il

s'empressa de les lire. Dès qu'il eut terminé, il me regarda autrement. Il me dit que j'avais besoin d'une protection. Son grand ami le prince Alexandre accepterait de m'aider à sortir de cet hôpital.

 

Page 27 - Chapitre 2 La prison, l'asile.

 

Son protecteur, le prince Alexandre, était un homme très puissant dans la région, il avait le pouvoir

de faire sortir de l'hôpital des drogués et des alcooliques paumés qu'il jugeait persécutés par les

infirmiers. Alexandre Anatolièvna était un homme hors du commun, il avait un passé très

mouvementé. Cet homme habitait sur la route de Sospel, dans une grande villa. C'était un exilé, un

déserteur et un ancien colonel de l'armée rouge. Mon voisin de lit me parla longuement de cet

homme et de sa petite famille.

 

Un jeudi après-midi, je vis entrer dans le dortoir, le prince et sa fille. L'homme était grand et fort.

Sur son beau et long visage, je vis briller deux magnifiques yeux marrons très légèrement bridés.

Cet homme là me fis penser qu'il devait probablement descendre d'un peuple d'Asie. Ce mystérieux

étranger au physique impressionnant d'aventurier paraissait

avoir une soixantaine d'années. La belle jeune fille qu'il tenait par la main, elle avait le même regard

de feu que lui et des yeux tout aussi brillants et bridés. Ces deux êtres rayonnaient de santé et

semblaient venir d'une autre planète.

 

En marchant le prince déplaça une énorme quantité d'air, elle vint caresser mon visage. François

embrassa le prince et sa fille. Il était très heureux de recevoir ces deux visiteurs, son visage s'en

illumina de bonheur. La fille du prince me regarda longuement. C'était la princesse que je voyais

dans mes rêves. J'ai laissé mon voisin avec ses amis, j'ai pensé que je ne devais pas le gêner. Je suis

aller faire un tour du côté du département des femmes. Dans cet hôpital il y avait des femmes

dépressives et parfois très perturbées mentalement, et aucune porte à franchir pour leur rendre

visite.

 

Les malades passaient simplement d'un dortoir à un autre. On pouvait se parler quand les infirmiers

jugeaient que l'on était pas trop agités. J'avais fait la connaissance d'une belle américaine, elle

s'appelait Jill. Jill était journaliste. Son mari qui était avocat, l'avait abandonnée. Cet amour

contrarié fit qu'elle échoua dans cet endroit sordide pour y soigner une dépression nerveuse et un

abus d'alcool. Mon amie Jill faisait des reportages pour un grand magazine Américain, sur les

drogués et les prostitués. Son travail qui la passionnait la conduisait un peu partout dans le monde.

Elle connaissait le prince Alexandre, elle écrivait un livre sur sa vie.

 

Cet homme fréquentait les

grands politiciens Européens, et des membres très importants de la maffia italienne et américaine.

Ces gens l'avaient aidé et protégé après la guerre, parce que Staline le recherchait pour le faire

assassiner. Après avoir rendu une petite visite à mon amie Jill, je revins à mon lit. François me

présenta à son grand ami Alexandre. La première fois qu'il me serra la main, je ressentis comme des

frisons qui m'envahirent tout le corps. Je compris à cet instant qu'une

nouvelle vie allait commencer pour moi. Cet homme mystérieux, au physique de géant et

d'aventurier, faisait parti de mon destin, j'ai pensé qu'il allait devenir un nouveau père pour moi.

 

Page 28 - La prison, l'asile. Chapitre 2

 

Cette première rencontre fut merveilleuse et inoubliable. Les premiers mots que prononça

Alexandre, furent : "Bienvenue dans notre famille, Norbert, petit comte de Monchavet". Cet homme

connaissait déjà mon nom et une partie de ma triste vie. François avait dû pendant mon absence la

lui raconter en détail. Je tendis ma main à cet homme pour qu'il me la serre

très fort dans la sienne. Sa fille vint vers moi et elle m'embrassa. J'avais du tenter de m'ôter la vie

pour rencontrer cette belle créature qui hantait mes rêves. Elle était devant moi et je ne rêvais pas.

Une infirmière nous annonça que les visites étaient terminées.

 

La fille du prince Alexandre

s'appelait Tonia. Elle me prit dans ses bras, m'embrassa et elle laissa échapper une petite larme sur

son beau visage. Le prince m'embrassa lui aussi. Le prince et sa fille nous quittèrent. Ce jour là, je

n'ai pas compris ce qui m'arrivait, j'eus l'impression d'être dans un rêve. J'ai dis à mon voisin que je

m'étais endormi et que j'avais rêvé que ma belle princesse était venu me voir.

 

Mon voisin me jura que je n'avais pas rêvé. Le prince Alexandre et sa fille existaient vraiment, ils

m'avaient embrassé avant de partir. Ce jour là j'ai pensé que cette bonne ville de Menton était bien

un lieu magique. A Paris, la belle Elodie était apparut pour mettre un peu de bonheur dans ma vie, je

n'ai pas su l'aimer et la garder près de moi. Mon destin était ailleurs, mes nuits de rêves me

harcelaient, elles m'obligeaient à m'engager dans une autre vie pour que je puisses rencontrer la fille

du prince Alexandre.

 

Une semaine après cette merveilleuse rencontre, Tonia vint me voir seule à l'hôpital. Son père avait

parlé avec son épouse, ils prirent la décision de me recueillir chez eux très prochainement.

Antoinette la maman de Tonia voulait me connaître avant de me recevoir chez elle. Ce jour-là,

Tonia m'embrassa très affectueusement sur les deux joues, comme si elle me connaissait depuis

toujours. Son beau visage était radieux et débordant de bonheur, de vitalité et de joie de vivre . Elle

n'avait pas les mêmes vêtements que lors de sa première visite, ceux qu'elle portait étaient différents

mais toujours très exotiques.

 

Page 29 - La prison, l'asile. Chapitre 2

 

Dans notre première rencontre, j'ai éprouvé une irrésistible envie de la prendre dans mes bras pour

la serrer très fort contre mon coeur avant qu'elle ne quitte le dortoir. Dans cette deuxième visite, je

me sentis comme submergé par une vague de fièvre et de timidité. J'aimais cette jeune fille, et je

sentais que c'était réciproque. Cette merveilleuse jeune femme brune aux yeux sombres attendait

beaucoup de ce garçon mystérieux qu'elle venait de rencontrer dans cet hôpital. Je me torturais

l'esprit en pensant que je n'étais qu'un petit bâtard, un ouvrier sans le sous, un pauvre ignorant qui

ne savait qu'à peine lire et écrire.

 

Je pensais n'avoir rien à offrir à cette jeune femme qui ressemblait à une princesse asiatique, j'allais

devoir lui raconter l'histoire de mon passé, sans rien modifier ni inventer pour me mettre en valeur.

Il y avait certainement plusieurs manières de raconter son passé, tout dépendait aussi de la personne

que l'on avait en face de soi, et de l'envie qu'elle aurait à le découvrir. François mon voisin de lit, et

mes bons amis de Paris, Emile, et Rose, sa maman, eux ils avaient été très bouleversés en

entendant l' histoire de ma vie. Avec Tonia la princesse de mes rêves, cela était différent.

 

Pendant deux heures, je lui ai raconté les épisodes de ma jeune vie. Tonia m'écouta très

attentivement. Quand j'eus terminé, j'ai vu des petites larmes couler de ses beaux yeux. Tonia m'

avoua qu'elle était tombée amoureuse de moi dès qu'elle m'a vu en entrant dans le dortoir. Elle aussi

elle me voyait dans ses rêves qui hantaient ses nuits.

Quand je lui ai dit que j'étais le fils naturel d'un comte, un enfant conçu dans le pêché, elle m'a dit

que j'étais un vrai noble car pour elle j'étais le fruit d'un grand amour. Tonia étudiait le droit et les

sciences humaines, son père lui faisait souvent office de professeur. Il avait étudié dans les

universités de Moscou et de St Petersburg, avant la révolution. Tonia était très cultivée et très

intelligente.

 

Ce jour-là, elle m'apporta des livres de Marx, de Lénine et sur Staline, et me conseilla de faire la

connaissance de ces hommes que son père avait connus et côtoyés pendant plusieurs années, dans

des périodes difficiles de sa vie. Je pensais que je devais me cultiver et m'intéresser à l'histoire de la

grande Russie, du début du siècle à ce jour. Très vite, je me suis plongé dans ses livres pour lui faire

plaisir. Je m'endormais avant d'avoir lu une dizaine de pages. Cette lecture m'ennuyait

profondément. Mais pour être agréable à cette belle jeune et jolie personne qui promettait de

m'aimer et de m'installer dans son royaume de princesse, je devais me cultiver pour ne pas avoir

l'air d'un ignorant.

 

Page 30 - La prison, l'asile. Chapitre 2

 

Cette nouvelle famille qui entra dans ma vie, cela me combla de bonheur, mais m'effraya et

m'angoissa aussi. Je compris que j'allais devoir affronter un monde inconnu, mon esprit commença

à me harceler de questions. Je me demandais quelle place serait réellement la mienne au sein de

cette famille. La mère de Tonia n'avait pas pu avoir de garçon, elle était en attente d'une opportunité.

Quand Alexandre me vit perdu dans cet hôpital, il pensa immédiatement que je pouvais devenir un

fils pour lui.

 

Alexandre était riche et cultivé. J'avais peur d'aller vivre dans cette famille et de partager leur vie.

Une chance inespérée s'offrait à moi, un miracle s'est produit dans cet hôpital, je n'attendais plus

rien de la vie. Quand je suis entré dans cet hôpital, j'ai compris que j'avais touché le fond, le néant

m'avait absorbé. J'ai pensé que j'étais un naufragé seul dans l'immensité d'un océan, je devais me

battre en espérant qu'un bateau passerait près de moi pour me sauver et m'engager dans une autre

vie.

 

Le prince Alexandre et les membres de sa famille étaient dans mon destin, c'était ma bouée de

sauvetage, je devais m'y accrocher pour poursuivre ma vie. Cette famille existait pour m'aimer et

m'offrir tout ce que la vie m'avait refusé. La deuxième visite de Tonia me réconforta, ma vie était

engagée dans une autre voie. Tonia me dit qu'elle attendait du nouveau dans sa vie, elle n'avait

jamais connu de garçon. Une infirmière nous annonça la fin de la visite du jeudi. Dans mon enfance

les jeudis après midi, je les passais en compagnie de mon père, le comte de Monchavet. Avec lui, je

ne pouvais pas penser à mon avenir.

 

Avec Tonia ce fut différent, nous nous connaissions depuis si peu de temps, j'avais l'impression

d'avoir vécu plusieurs mois avec elle. Avant de quitter le dortoir, Tonia me prit dans ses bras, elle

m'embrassa tendrement, elle me dit que sa mère viendrait me voir. Quand je la vis s'éloigner, j'eus

envie de pleurer et de hurler, mon corps se contracta et je ressentis une grande douleur. Quand je

quittais mon père le jeudi après midi, après que nous eûmes marché longuement main dans la main

dans les allées de la forêt près du château, j'avais mal. Pour calmer ma douleur, j'entrais dans les

profondeurs de la forêt et je hurlais comme un jeune loup.

 

François, mon voisin de lit me dit que j'avais de la chance, il connaissait Alexandre et les membres

de sa famille. Il me dit qu'ils habitaient dans une grande villa près de Sospel. Il avait tenté de

séduire Tonia. Elle lui disait qu'elle attendait un garçon qui apparaîtrait un jour dans sa vie. Ce

garçon, c'était moi. Je me suis allongé sur mon lit pour m'engager dans des rêves qui m'emportaient

dans mon passé. Je vis mon père, le comte de Monchavet, il marchait dans la grande allée bordée de

rosiers qui était devant le château. Une jeune femme brune vêtue d'une longue robe blanche vint

vers lui puis elle disparut.

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